top of page

Mon enfant mord, tape et crie… Au secour!

26 sept. 2024

Temps de lecture : 6 min

0

10

0



Vous connaissez bien cette situation : vous revenez presque tous les jours de la garderie avec un bien triste bilan. Votre enfant a encore tapé, crié, mordu. Iel refuse de partager ses jouets et bougonne. Vous avez l’impression qu’iel a passé une journée épouvantable, comme s’iel était le trublion de 19 mois d’un groupe de bambins du même âge.


Pourtant, vous savez aussi qu’au fond, votre enfant est heureux·se, doux·ce, gentil·le, drôle et affectueux·se. Deux réalités qui cohabitent vraiment.

Plongeons dans les notions du développement de l’enfant ensemble pour mieux comprendre cette phase et accompagner dans la nuance, en fonction des capacités et du potentiel de votre enfant. Voici un petit survol :


Les interactions sociales à l’âge de 1 à 2 ans :Entre 1 et 2 ans, les amitiés commencent à émerger chez les enfants. À cet âge, les interactions sociales sont principalement basées sur l’observation mutuelle et l’exploration parallèle. Iels commencent à développer des compétences sociales de base. Iels peuvent montrer de l’intérêt pour les autres enfants, mais leur compréhension des interactions sociales est encore limitée. Ils peuvent exprimer leurs émotions de manière plus directe, parfois en utilisant des gestes ou des cris. Les disputes et les conflits peuvent également se produire, souvent en raison de la difficulté à partager des jouets ou à comprendre les limites. Je sais, c’est irritant. On voudrait donc que nos enfants partagent avec le sourire. Cependant, en fonction de leur développement, c’est une compétence non réaliste. Voici pourquoi :

Exploration: La curiosité des enfants est un élément essentiel de leur développement cognitif et sensoriel. Lorsqu’iels tapent et mordent, iels cherchent activement à explorer leur environnement et à comprendre les réactions qui en découlent. Ces comportements peuvent sembler déconcertants, mais peuvent être une forme d’expérimentation sensorielle. Ces comportements offrent aux enfants l’opportunité d’observer et de comprendre les réactions des autres. Ils apprennent que leurs actions peuvent avoir un impact sur les personnes et les objets qui les entourent. Par conséquent, ils acquièrent progressivement une compréhension des limites et des conséquences de leurs actions, tout en développant leurs compétences sociales et émotionnelles.


Égocentrisme: Ouf ! Un mot qui fait peur ! À l’âge de 1 à 2 ans, les enfants sont encore très centrés sur eux-mêmes. C’est tout à fait normal (et transitoire) car certaines régions clés du cerveau, notamment celles associées à la compréhension des autres et à la capacité à prendre en compte les perspectives des autres, sont encore en cours de développement. Le concept de partager et de prendre en compte les besoins des autres est complexe et nécessite des compétences cognitives avancées telles que la théorie de l’esprit, qui est la capacité de comprendre que les autres ont des états mentaux différents des siens. (J’ai l’impression que je connais des personnes adultes figées à ce stade ?)


Acquisition de l’autonomie : Les enfants de cet âge commencent à développer un fort sentiment d’indépendance et de contrôle. Ils veulent pouvoir explorer et manipuler les objets à leur guise. Le partage peut être perçu comme une intrusion dans leur autonomie et peut susciter des réactions de refus (ou de morsure, ou de tapage ?) Iels souhaitent répondre à leurs besoins immédiats et à leur désir de satisfaction personnelle. Pour le moment, il est impossible d’anticiper que le fait de partager peut aussi provoquer de la satisfaction et de la gratification.


?Difficultés de communication : Les enfants de 1 à 2 ans ont des compétences linguistiques limitées, ce qui rend la communication et la négociation plus difficiles. Iels peuvent exprimer leurs besoins et leurs désirs de manière non verbale ou par des cris, des comportements perçus comme agressifs. C’est souvent une façon d’exprimer un trop-plein émotionnel ou encore d’affirmer leur individualité.

Il est donc contre nature de forcer l’enfant à partager, à faire des câlins ou à exprimer ses émotions sur le champs. Cela ne veut pas dire pour autant que les gestes ne sont pas pris au sérieux et que l’on doit laisser notre enfant croquer ses ami·es à pleines dents. Il importe, avant de s’adresser directement au comportement, de se questionner comme adulte, d’analyser l’environnement de l’enfant. Voici quelques pistes :

Espaces délimités : Lorsqu’en petits groupes, vous pouvez diviser l’espace de jeu en zones thématiques ou en espaces distincts pour différentes activités. Par exemple, vous pouvez avoir une zone pour les jeux de construction, une autre pour les jeux symboliques comme la cuisine miniature, et une autre pour les jeux sensoriels. Cela encourage les enfants à se concentrer sur des activités spécifiques individuellement et facilite les interactions parallèles avec d’autres enfants. Iels doivent avoir l’option d’avoir une bulle.

Planifier des jeux en groupe : Organisez des moments de jeu en groupe où les enfants peuvent interagir et partager des activités communes. Par exemple, organisez une séance de jeu avec des ballons, ou une construction en groupe. Un but commun est une excellente façon de stimuler la collaboration. C’est l’adulte qui anime et qui a la responsabilité de modéliser les comportements prosociaux attendus. (de nommer ses émotions, de parler doucement, etc. )

Favoriser la communication non verbale : Étant donné que les enfants de cet âge ont souvent une communication verbale limitée, encouragez les interactions non verbales telles que les sourires, les gestes et les regards. Établissez l’utilisation de signes ou de pictos précis pour aider l’enfant à exprimer son désaccord : “stop” – “non” – ”bulle”. L’adulte peut ensuite reformuler le besoin exacte exprimé, ce qui permet de valider l’enfant.

Acceptation : Autoriser l’enfant à vivre des émotions plus difficiles telles que la tristesse, la colère et l’impatience est crucial. C’est une occasion de valider, de normaliser et d’aider l’enfant à donner du sens à ce qu’il ou elle ressent. Permettez à l’enfant de garder certains jouets pour lui-même pendant un certain temps. Je comprends que cette intervention peut susciter des réactions divergentes et qu’elle peut être difficile à adopter devant d’autres parents par peur du jugement. En autorisant l’enfant à ne pas partager à tout moment, vous lui accordez le respect de ses choix et favorisez un apprentissage progressif du partage avec les autres. Vous validez son individualité et lui offrez un certain contrôle. Profitez de cette occasion pour suggérer de partager un autre jouet, de prendre un moment seul.e pour jouer ou de revenir quelques minutes plus tard avec une nouvelle proposition de négociation. Il est important de créer un environnement qui encourage l’expression émotionnelle des enfants et qui leur permet de développer leurs compétences sociales à leur propre rythme. En validant leurs émotions et en leur offrant des choix appropriés, nous les aidons à développer leur confiance en eux-mêmes et leur capacité à interagir de manière positive avec les autres. C’est la base pour de futures relations saines et harmonieuses.

Évidemment, lorsqu’un enfant présente un comportement agressif, il demeure important de mettre en place des limites claires et saines, afin de lui faire comprendre que ce comportement n’est pas acceptable. La pratique, la modélisation et la maturation du cerveau contribueront progressivement au développement de compétences sociales plus approfondies chez l’enfant. Il est essentiel d’observer dans quel contexte ces comportements se manifestent, d’identifier les déclencheurs spécifiques et d’adapter les jeux et l’environnement en conséquence.

En conclusion, il est tout à fait normal que nos petits bouts de chou expriment leurs émotions à travers des comportements tels que les morsures, les tapes et les cris. C’est une période de découverte, d’exploration et d’apprentissage intensifs pour iels. En comprenant les différents facteurs qui influencent leur comportement, tels que leur développement cognitif, leur besoin d’autonomie et leurs compétences linguistiques limitées, nous pouvons mieux les accompagner dans leur parcours.

Il est essentiel de leur offrir un environnement qui encourage l’acceptation de leurs émotions, en leur permettant de vivre des expériences variées et de développer leurs compétences sociales à leur propre rythme. En utilisant des approches bienveillantes, nous favorisons leur bien-être émotionnel tout en les guidant vers un comportement prosocial.


Souvenons-nous également que chaque enfant est unique et que des ajustements doivent être faits en fonction de leurs besoins individuels. En tant que parents et éducateur.rices, nous jouons un rôle essentiel dans la création d’un environnement positif qui favorise leur épanouissement social et émotionnel.


Dans le prochain article, nous plongerons dans le merveilleux monde des amitiés entre 2 et 3 ans. Nous explorerons comment nos petit.es explorateur.rices développent leurs compétences sociales, construisent des liens avec leurs pairs et découvrent le plaisir de jouer ensemble.


Nancy Caouette, sexologue.

26 sept. 2024

Temps de lecture : 6 min

0

10

0

Commentaires

Share Your ThoughtsBe the first to write a comment.
bottom of page